Arnaud Bertrand
C’est extraordinaire : l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin donne une leçon de diplomatie absolument magistrale à Elisabeth Borne (Premier ministre français de 2022 à janvier 2024) sur Gaza. J
Ce film illustre de manière vraiment déprimante à quel point le calibre des dirigeants français s’est détérioré depuis l’époque de Villepin (il était Premier ministre de 2005 à 2007).
Borne incarne la démission actuelle des dirigeants européens, leur haussement d’épaules défaitiste : « Que pouvons-nous faire si cela signifie s’opposer aux États-Unis ? » Mais cette impuissance acquise soulève une question évidente : si nous démissionnons et nous subordonnons systématiquement, à quoi servent la France et l’Europe ?
En revanche, Villepin illustre ce que l’indépendance et l’ambition françaises et européennes pourraient signifier dans la pratique ; il montre à quel point il existe une marge de manœuvre pour agir – si seulement nous avions le courage politique de l’utiliser au lieu de nous cacher derrière de «belles paroles».
Plus important encore, il détaille les conséquences catastrophiques de notre passivité actuelle : notre silence sur Gaza ne détruit pas seulement le droit international et les principes fondateurs supposés de l’Europe, il permet une escalade dangereuse qui risque de transformer ce conflit en une confrontation civilisationnelle susceptible de déchirer l’Europe
Ce qui rend cet échange si puissant, c’est la façon dont il met en dialogue deux Europes radicalement différentes : l’Europe de Villepin, faite d’initiative diplomatique, de clarté morale et d’indépendance stratégique, et l’Europe d’aujourd’hui, faite de résignation, d’insignifiance et de soumission volontaire.
Entre ces deux visions, le choix devrait être évident. Le fait que nos dirigeants choisissent systématiquement la seconde est la tragédie de notre époque.
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