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« Le nouveau gouvernement ressemble à une provocation »

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Après l’annonce de la composition du gouvernement de François Bayrou, la gauche ne se fait pas d’illusion sur la possibilité de trouver des compromis avec cette nouvelle équipe. Au Sénat, la gauche y voit la répétition des erreurs de Michel Barnier et promet une censure rapide pour un gouvernement dépendant du RN.Henri Clavier

Par Henri Clavier

Publié le 23/12/2024 à 20:49

Public Sénat

« Chaque gouvernement on se demande comment faire pire, et finalement ils y arrivent. Je ne pensais pas qu’on pouvait en arriver là », se désole le président du groupe écologiste au Sénat, Guillaume Gontard, après l’annonce de la composition du gouvernement.

La liste de noms égrenée par Alexis Kohler sur le perron de l’Elysée fait grincer des dents à gauche. En effet, alors qu’écologistes, socialistes et communistes se sont rendus aux différentes consultations organisées à l’Élysée ou à Matignon pour défendre une approche constructive, l’opposition semble désormais inévitable. Malgré le refus d’entrer au gouvernement, la gauche attendait au moins des signaux favorables, notamment sur la réforme des retraites. 

« C’est un gouvernement sous influence du RN, encore une fois » 

C’est une annonce marquée par les retours, notamment de Gérald Darmanin, nommé à la justice, mais aussi d’Élisabeth Borne. Un signal défavorable pour la gauche puisque l’ancienne locataire de Matignon détient le record d’utilisation du 49-3, qu’elle a notamment utilisé pour faire adopter la réforme des retraites. « La présence d’Élisabeth Borne dont l’image est associée à la réforme des retraites est catastrophique », note Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste au Sénat.

« Pour éviter la censure, il faudra des signes. Le principal est la suspension de la réforme des retraites », maintient Patrick Kanner, chef de file des sénateurs socialistes. Or, si François Bayrou s’est dit prêt à «reprendre sans suspendre» la réforme des retraites, la main tendue vers les socialistes ne semble pas aller plus loin.

Sans la gauche, François Bayrou devra compter sur la clémence du RN s’il veut rester à Matignon. 

Des éléments qui laissent penser que le gouvernement s’en remettra au Rassemblement National pour ne pas voter de motion de censure. « À l’issue de la réunion à l’Élysée, il y avait un élément commun qui consistait à ne plus dépendre du vote des troupes de Marine Le Pen, aujourd’hui c’est le choix inverse qui a été fait », déplore Guillaume Gontard. « C’est un gouvernement sous influence du RN, encore une fois », abonde Patrick Kanner.

« Un gouvernement de recyclage » 

Outre Élisabeth Borne et Gérald Darmanin, plusieurs macronistes historiques font leur retour, comme Aurore Bergé, nommée ministre en charge de l’égalité homme femmes ou Amélie de Montchalin aux comptes publics. « C’est une caricature de gouvernement, c’est triste pour notre pays. Au soir des élections législatives, Gérald Darmanin reconnaissait la défaite et il revient pour faire la même politique ? Ça n’a pas de sens », s’agace Guillaume Gontard. « C’est une provocation, la seule réponse c’est la censure », ajoute l’écologiste.

L’association de Gérald Darmanin à la justice avec Bruno Retailleau à Beauvau inquiète également. « À droite toute sur les postes régaliens », note Patrick Kanner.

« Faire un gouvernement, ce n’est pas faire une compilation de tous les anciens premiers ministres », ironise Cécile Cukierman qui estime qu’il s’agit d’un « gouvernement de recyclage ». « C’est un gouvernement aux trois tiers de droite », tranche Patrick Kanner alors que les rumeurs sur la composition du gouvernement affirmaient que François Bayrou souhaitait un gouvernement composé d’un tiers de personnalités issues de la gauche.

« Rebsamen, Méadel, Valls ne sont plus des socialistes, ce sont des historiques »

Le gouvernement inclut néanmoins plusieurs anciens socialistes, comme Manuel Valls nommé aux Outre-mer, François Rebsamen, ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation ou Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la ville. « Rebsamen, Méadel, Valls ne sont plus des socialistes, ce sont des historiques mais sans responsabilités au Parti socialiste aujourd’hui qui ne peuvent engager la gauche », prévient Patrick Kanner. Si le patron des sénateurs socialistes estime tout de même que le nouveau ministre de l’économie, Eric Lombard, est un « grand professionnel », il juge que ce « nouveau gouvernement ressemble à une provocation ». En outre, la présence de Manuel Valls, ancien premier ministre sous François Hollande, crispe la gauche. À Matignon, l’ancien socialiste avait convaincu le Président de la République de l’époque d’engager une révision de la Constitution pour y inscrire la déchéance de nationalité. Ensuite, Manuel Valls avait rejoint les rangs des députés de La République en Marche en 2017.

Concernant François Rebsamen, la cheffe de file des sénateurs communistes pointe le bilan de l’ancien ministre de François Hollande, également passé par l’hémicycle du Palais du Luxembourg. « J’ai une très vive inquiétude avec la nomination de Rebsamen qui a toujours défendu la loi Notre qui a fragilisé nos collectivités territoriales, il n’a jamais été un chantre de la défense des communes. On ne peut pas nommer un ministre qui a cautionné la baisse drastique des dotations pour les collectivités territoriales ou le redécoupage des intercommunalités », estime Cécile Cukierman.

EN PRIME

Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.Henri Clavier

Par Henri Clavier

Publié le 23/12/2024 à 21:35

« Pas de bémol, pas de réserve », déclare le chef de file des macronistes au Sénat, François Patriat à propos de la nomination du nouveau gouvernement. Pour les soutiens du bloc central, le gouvernement va enfin pouvoir se mettre au travail. L’objectif ? Proposer des solutions concrètes permettant de s’assurer la non-censure des autres groupes, en particulier du Parti Socialiste. Malgré l’éviction de Xavier Bertrand, les soutiens de François Bayrou récusent l’idée d’un cadeau fait à Marine Le Pen.

Le bloc central à la recherche d’un accord de non-censure avec le PS

« Il appartiendra au Premier ministre d’animer politiquement le socle parlementaire et de projeter l’action du gouvernement en direction de la gauche républicaine », affirme Hervé Marseille, président du groupe centriste au Sénat, satisfait des équilibres proposés par le Maire de Pau. Ce dernier va plus loin. « Sur la base des différences, il faut trouver des compromis. La principale demande est sur les retraites, si la déclaration de politique générale est maintenue au 14 janvier, le gouvernement aura jusqu’à cette date pour trouver des points d’accord avec la gauche républicaine », ajoute le centriste, conscient que la survie du gouvernement dépend de la gauche.

Sur les retraites, le bloc central veut croire à l’inflexion des positions socialistes qui proposent pour l’heure de suspendre la réforme. « Maintenant, il faut qu’il donne des gages au Parti socialiste. Il est possible de trouver un accord et de proposer une démarche pour résoudre la question des carrières longues et de la pénibilité. Si on s’engage à apporter une réponse en deux ou trois mois sur les retraites, je pense que c’est une bonne méthode », propose François Patriat. « La non-censure du parti socialiste, c’est l’assurance survie », continue le sénateur de Côte d’Or. Sur BFM TV, François Bayrou a clairement exclu une suspension de la réforme des retraites. 

Par ailleurs, les cadres du bloc central l’assurent, rien n’est figé. Et s’il est probable que les discussions sur le budget reprennent là où elles se sont arrêtées, de nombreux ajustements restent envisageables. « Il faut une intensification du dialogue. Bien sûr qu’il peut y avoir des évolutions possibles sur le budget », affirme Hervé Marseille. Surtout, le président de l’UDI en appelle à la responsabilité des partis de « gouvernement ». En l’absence de budget, « les Français risquent d’être extrêmement sévères », prédit le sénateur des Hauts-de-Seine.

Malgré cela, il faudra également composer avec les humeurs de la droite puisque, selon le Figaro, Laurent Wauquiez (LR) conditionne encore son soutien au gouvernement Bayrou. Estimant que le nombre de LR au gouvernement est insuffisant, le président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale privilégierait un soutien « texte par texte ».

« Un gouvernement d’expérience, de combat »

En dépit de cette équation politique insoluble, le bloc central croit dans la qualité de l’équipe nommée. « Ce gouvernement correspond aux souhaits de Bayrou au soir de la censure où il avait dit qu’il fallait placer des gens d’expérience, connus, respectés pour leur action. C’est le cas, nous avons un gouvernement d’expérience, de combat, avec des personnalités dont il est difficile de critiquer leur action passée », défend François Patriat en référence à Manuel Valls, Élisabeth Borne ou Gérald Darmanin.


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