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Croissance : «à quand un kit de survie pour l’économie de la France ?»-Touati

L’économie française doit s’engager sur le chemin des réformes structurelles et de la modernité, plaide notre chroniqueur Marc Touati, Économiste, Conseiller économique eToro, Président du cabinet ACDEFI. Faute de quoi, elle risque fort d’en payer le prix. Et la facture pourrait être salée..

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Economie française en crise
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Marc Touati

Par Marc Touati

Pour être très franc avec vous : je n’aurais jamais imaginé vivre ça dans ma vie ! En effet, à quelques jours d’intervalle, le gouvernement français a, d’une part, décidé d’envoyer un «kit de survie» à tous les citoyens pour la modique somme d’au moins 6 millions d’euros et par la poste (à l’heure du numérique, bonjour l’empreinte carbone !) et, d’autre part, annoncé la création d’un fonds pour financer les dépenses militaires pour drainer l’épargne des Français. Mais attention : sans rendement minimum, sans capital garanti, sans avantage fiscal, sans précision sur les investissements choisis et le tout bloqué sur au moins cinq ans. A l’évidence, il aurait été difficile de faire plus «répulsif» !

Et le pire est que ce n’est pas une blague !

En revanche, la réallocation d’une partie de l’énorme dépense publique pour financer l’augmentation des dépenses de défense n’a toujours pas été évoquée. Lorsque l’on sait que les dépenses de fonctionnement ont atteint 537,2 milliards d’euros au troisième trimestre 2024, soit 32,3% de l’ensemble des dépenses publiques, il y a de quoi être déçu. Et ce, d’autant que, depuis le début 2021, celles-ci ont explosé de 92 milliards d’euros, soit une hausse de quasiment 21%, alors que, sur la même période, les dépenses sociales ont augmenté de 10,1% !

L’économie française a besoin d’une thérapie de choc

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© ACDEFI

Mais, plutôt que de sombrer dans la tristesse face à de tels égarements, et même si nous ne cesserons jamais de dire toutes les vérités économiques, il nous paraît plus opportun de définir un « kit de survie », c’est-à-dire des pistes de sortie de crise, pour l’économie française.

Le « bon plan » consisterait ainsi à mettre en place une «thérapie de choc bienveillante pour l’économie française» autour des huit piliers suivants :

1. Baisser la pression fiscale pour tous, les entreprises et les ménages, de façon claire et massive, notamment en réduisant la CSG, ce qui améliorera le pouvoir d’achat de tous les Français, tout en supprimant les impôts des entreprises sur la production et en diminuant l’impôt sur les sociétés. Par la même occasion, cela créera un boom de confiance, qui pourra faire accepter plus facilement la baisse de la dépense publique, qui constitue notre deuxième mesure phare.

Réduire les impôts et optimiser les dépenses publiques profiteraient à l’économie française

2. Optimiser la dépense publique, en réduisant les dépenses de fonctionnement. Car attention, baisser les dépenses d’investissement et/ou de santé serait contre-productif. Il faut au contraire s’attaquer aux dépenses de fonctionnement, par exemple en supprimant une partie des 700 ODAC (Organismes Divers d’Administration Centrale), dont le coût annuel dépasse les 150 milliards d’euros, ou encore en supprimant la quasi-totalité des 315 instances consultatives, également appelées « Comité Théodule, ou encore en réduisant les doublons et triplons du fameux « mille-feuilles administratif » dont le coût avoisine les 8 milliards d’euros par an. Autrement dit, réduire le train de vie de l’Etat sans détériorer le service public mais en améliorant et optimisant ce dernier. La dépense publique deviendra alors plus féconde en création de richesses et en emplois.

3. A côté de la réduction des impôts pour tous et de l’optimisation des dépenses publiques, il sera également primordial de lutter contre les fraudes fiscales et sociales, qui, selon les estimations les plus basses, s’élèvent chaque année à respectivement 30 et 20 milliards d’euros. Voici le chiffrage que je propose donc pour ces trois premières mesures : – 25 milliards d’euros sur la CSG et – 25 milliards d’euros sur l’impôt sur la production.

Cette baisse d’impôts de 50 milliards d’euros permettra également de supprimer de nombreuses niches fiscales, tout en suscitant un rebond de la croissance, ramenant ainsi environ 30 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Autrement dit, la baisse des impôts ne « coûtera » que 20 milliards d’euros (50-30). Parallèlement, les dépenses publiques, principalement de fonctionnement, devront être réduites de 50 milliards d’euros, ce qui réduira le déficit public d’autant. Quant à la lutte contre les fraudes fiscales et sociales, elle devrait permettre de récupérer 50 milliards d’euros. Au total, en baissant les impôts de 50 milliards d’euros, le déficit public français pourra tout de même être réduit de 80 milliards d’euros (- 20 + 50 + 30 + 20 = 80). Comme dit le dicton : ce n’est pas sorcier !

L’économie française a besoin d’une modernisation du marché du travail

4. Dans le même temps, il sera aussi indispensable de réduire le coût du travail, non pas évidemment en abaissant les salaires, mais en réduisant d’au moins 10 % les charges qui pèsent sur ces derniers. Cela permettra alors d’augmenter les salaires nets et donc d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages. De quoi là aussi relancer la confiance des Français dans la politique économique nationale. Pour y parvenir, il sera possible de transférer une partie des charges qui pèsent sur les salaires vers la TVA, mais sans augmenter le taux de cette dernière. Car sinon cela viendrait grever le pouvoir d’achat et amoindrir la confiance.

5. Pour parfaire ces trois évolutions indispensables, la France devra également moderniser son marché du travail. Cela passera notamment par les mesures suivantes : 1. Simplifier drastiquement le code du travail. 2. Réduire les contraintes à l’embauche et au licenciement. 3. Permettre à chaque salarié de choisir son type d’assurance chômage et les cotisations qui pèsent sur le salaire en conséquence. 4. Créer un contrat de travail unique.

L’économie française doit mettre le cap sur l’innovation

6. Innover massivement et développer les formations adéquates. Les révolutions des nouvelles technologies de l’énergie, de l’agro-alimentaire, du numérique et de l’intelligence artificielle ont déjà commencé, et la France est, une fois encore, très en retard dans tous ces domaines.

7. Dans cette France modernisée, il faudra également favoriser le financement des entreprises et de l’innovation, notamment en créant de nouveaux fonds d’investissement de long terme, qui, pourront par la même occasion financer une partie des retraites, ces dernières étant de plus en plus menacées, faute de réforme digne de ce nom.

L’économie française doit s’engager sur le chemin des réformes structurelles

8. Pour parvenir à ce sauvetage, il sera également indispensable de développer la culture économique des Français, et notamment des jeunes, qui, dans de trop nombreux cas, sont, malheureusement, plus tentés par le retour du communisme que par la réussite personnelle et collective. Quelle tristesse !

Ces mesures ne sont pas ultra-libérales, ni destructrices, mais simplement de bon sens. Et si les Français ne les acceptent pas, alors il faudra se résoudre à un taux de chômage supérieur à 8 % pendant des décennies, un taux de chômage des moins de vingt-cinq ans qui dépassera durablement les 20 % et condamnera trop de jeunes à la précarité et in fine à l’instabilité sociétale. Est-ce là l’héritage que notre génération veut laisser ? Surtout pas. Alors, s’il vous plaît, Mesdames et Messieurs les dirigeants du pays, cessez de colmater les brèches, de faire du marketing et d’entretenir la peur. Ayez enfin le courage d’engager la France sur le chemin des réformes structurelles et de la modernité économique. L’espoir fait vivre…

Marc Touati, Économiste, Conseiller économique eToro, Président du cabinet ACDEFI

Vous pouvez également retrouver ses chroniques vidéos sur sa chaîne YouTube, qui compte plus de 221 500 abonnés, dont la dernière : «La France et l’Europe s’effondrent : Comment sortir de la crise ?»

© CAPITAL


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