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Editorial écrit à propos d’un des meilleurs papiers de Tandonnet à lire ci dessous.

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Ce texte de Tandonnet est le meilleur que j’ai pu trouver sur la nomination de Barnier.

Je ne polémiquerai pas avec Tandonnet sur certains points de détail sur lesquels j’ai une analyse différente. Ce serait secondaire.

En revanche je vais directement à l’essentiel qui est contenu dans le dernier paragraphe :

S’il parvient à nouer un lien de confiance avec le pays, il peut renverser la table, bousculer le système. Pourquoi ne pas lui donner sa chance? 

Je suis matérialiste, je ne crois pas aux subjectivités ou aux perceptions donc je ne crois pas que la confiance puisse tomber du ciel : elle doit être motivée, fondée, assise sur un socle.

Et les Français vont etre réticents à l’accorder cette confiance, car Barnier a été nommé par Macron, -en apparence bien sur car ce dernier n’avait pas d’autre choix- et puis les LR sauf certains barons d’expérience sont des branleurs même plus en costume trois pièces avec cravate.

Barnier n’a pas vraiment d’atout sur les bases ainsi rappelées, j’en suis désolé pour lui: il ne prend pas la responsabilité des affaires sous les meilleures auspices.

Pour fonder une confiance il faut creuser des fondations et poser les premières pierres de cette confiance.

Et revenir au point ou Macron l’a perdue, c’est à dire quelques mois après le début de son quinquennat.

Macron a suscité un début d espoir en se positionnant disait-il « ni droite ni gauche », au dessus, en même temps etc; mais son projet de base était un Projet de Redressement avec un mouvement colossal de transfert des flux et des valeurs ajoutées des ménages vers les entreprises afin d’améliorer leur compétitivité, réduire le besoin de dettes, favoriser l’investissement et l’emploi productif.

Cela n’a jamais été exprimé en France tel quel mais c’était le fil conducteur de sa presentation à Londres face au capital international.

Ce fil conducteur partait d’un constat, d’un diagnostic justes; la France avait besoin d’un grand transfert de la consommation vers l’investissement et l’équipement, un besoin de productivité et d’innovation, , un besoin de baisse relative des prélèvements publics et des charges.

Il n’y a rien de réactionnaire dans le diagnostic ou le fil conducteur; ils sont authentiquement progressistes.

Mais l’erreur de Macron a été de croire que l’état de grâce et le happening du sociétal permettait tout cela!

Or l’état de grâce s’est effondré très vite, les circonstances n’ont pas été favorables; quant à la mascarade du sociétal elle n’a pas enthousiasmé la France qui travaille et se coltine le poids de faire vivre la nation et tous les profiteurs !

L’erreur centrale, princeps de Macron a été de ne pas donner de contenu à son positionnement ni droite ni gauche et de ne pas comprendre que l’on ne pouvait pas tout prendre au peuple sans lui donner quoi que ce soit en échange!

Il eut fallu un projet équilibré, une vision comme celle que de Gaulle avait eu ou comme le CNR en a développé les contours ; une vision de donnant-donnant, de morale, d’équité sociale; il eut fallu non pas prendre aux uns pour donner aux autres mais modifier les règles du partage ; le salarié qui est au front come le disait Stoleru, ne doit pas et ne peut pas être la seule variable d’ajustement dans le cadre d’une situation aussi déséquilibrée que celle de la France.

Il fallait que le peuple, les forces vives sentent que tout le monde était mis à contribution. Certes il fallait améliorer la compétitivité et la profitabilité mais il fallait que ceci soit contrebalancé par une politique, une vraie politique nationale, publique, d’intérêt général présent et à venir ; il ne fallait pas que cela dérape sur une politique de classe!

Or ce fut une série honteuse , cynique de cadeaux aux riches!

Je ne vais pas développer, mais j’affirme que c’est possible.

Mais pour cela il faut une vraie audace, une audace par exemple à la Mendes France ou à la Michel Jobert en leur temps.

Il fallait, il faut un Nouveau Pacte Social si on veut redresser la France.

Lisez Tandonnet.

« L’étrange victoire » ou l’espoir ambigu et précaire

Publié le 6 septembre 2024 

par 

maximetandonnet

La droite classique, dite aussi « républicaine » est heureuse comme elle ne l’a plus été depuis huit ans, la victoire de François Fillon aux primaires de 2016 qui semblait ouvrir la voie à l’Elysée. L’un des siens, Michel Barnier est de retour au plus haut sommet de l’Etat. Elle est quasi-unanime, toutes tendances confondues, à se réjouir, libérale, souverainiste, conservatrice, populaire. Mieux, elle est réconciliée: les indépendants et les ralliés à la macronie communient dans une même satisfaction.

[Et moi aussi, je suis content!]

La passation de pouvoir à Matignon a donné lieu à une scène étonnante de ringardisation du « nouveau monde » (macroniste) par l’ancien. Il a suffi de quelques mots bien choisis par le nouveau Premier ministre, « humilité, vérité, respect, action« , pour expédier, dans les limbes d’un cauchemar révolu, le discours interminable, poussiéreux, pompeux, arrogant, autosatisfait, déconnecté et narcissique – macronien – odieux pour tout dire, de Gabriel Attal. Entendre ce dernier traité (poliment) de donneur de leçons, (comme une baffe à un petit coq), avait quelque chose de jubilatoire…

Tout se passe comme si la droite classique venait de gagner les élections. Or, elle vit sur un mirage, une illusion: elle n’a pas gagné les élections. Elle sort même d’une longue série de défaites tonitruantes et ne dispose que d’une petite minorité de 50 députés sur 577… Alors que se passe-t-il? De quel genre de victoire s’agit-il?

Le retour au pouvoir de la droite classique est le fruit, non d’une victoire électorale, mais d’un accident démocratique, un violent soubresaut de l’histoire politique. Il résulte de l’explosion de la classe politique causée par la dissolution du président Macron. Celui-ci, après avoir déclenché l’apocalypse nucléaire de l’article 12, n’a pas trouvé d’autre solution que de faire appel à Michel Barnier dans la précipitation et l’improvisation, un ultime appel désespéré pour tenter de limiter les conséquences de son geste irresponsable.

Le scénario actuel ne correspond à rien de connu, rien de prévu. Il n’est pas une cohabitation par laquelle un Premier ministre, s’appuyant sur une majorité à l’Assemblée nationale, impose sa volonté à un chef de l’Etat devenu minoritaire… Il n’est pas un « accord de gouvernement« , négocié et contracté sereinement entre leaders de la macronie et de LR, un acte de compromission pour le partage des prébendes et la reconstitution artificielle d’un’ majorité absolue. Il n’est pas non plus un « pacte législatif« , fondé sur un programme commun de réformes.

Il n’est pas un acte de soumission à la présidence Macron. Celle-ci a été foudroyée, la foudre de Jupiter se retournant contre lui-même, affaiblie, discréditée et au bord du gouffre – de la démission pour tout dire. C’est elle qui s’en remet à Michel Barnier, comme ultime sauveur, bien davantage que l’inverse, dans un réflexe de survie: sauver le quinquennat.

La seule chose qui importait, pour l’ex-Jupiter, était de sauver sa peau en évitant une motion de censure au moins dans l’année qui vient. Il n’a pas pu aller à gauche, en raison de l’intransigeance des mélenchonistes. Donc il a basculé à droite, par la seule force des circonstances, constituant au centre macroniste et à droite, une quasi entente, indicible car honteuse, un pacte de non agression avec le Rassemblement national.

Et Michel Barnier s’est trouvé être l’instrument de ce pacte de non agression. Ce dernier repose sur un immense paradoxe: la trêve silencieuse entre les ennemis jurés d’hier que sont la macronie et le lepénisme. La haine du « populisme » ou la peste nationaliste n’était-elle pas, à l’origine, la raison d’être du macronisme? Quel paradoxe! Position infiniment fragile et précaire: l’expérience Barnier repose entièrement sur ce paradoxe et le prolongement de la trêve… En vérité, la droite classique n’a aucune raison de jubiler ni de se laisser gagner par l’euphorie.

« L’étrange victoire », ou victoire factice, peut-elle se transformer en authentique victoire démocratique? Disons le tout net: la porte est étroite et les chances de réussites existent, mais elles sont assez minces.

M. Barnier n’a pas été choisi par les Français et son profil est a priori peu conforme au vote antisystème de 56% des Français (RN et NFP) au législatives. Son gouvernement privé de toute majorité claire – c’est sans précédent – sera l’otage du bon vouloir du RN.

Mais parfois, des soubresauts de l’histoire, du chaos politique et de toutes les débâcles sont issus de belles surprises. Sans même parler des moments héroïques (Brumaire, 18 juin), « l’expérience Pinay » que nul n’attendait en 1952 en offre un bel exemple.

M. Barnier a rompu avec les dogmes européistes lors des primaires de 2022 et il a pris des positions fermes sur l’immigration, au centre des préoccupations des Français.

Aujourd’hui, il parle de « vérité, d’humilité, de respect du peuple, d’action plutôt que de blabla » – visant à travers chacun de ces mots le macronisme. Les mots qu’il fallait entendre.

S’il parvient à nouer un lien de confiance avec le pays, il peut renverser la table, bousculer le système. Pourquoi ne pas lui donner sa chance? En revanche, s’il échoue, nous aurons sans doute l’extrême gauche mélenchoniste, en réaction, avec tous les pouvoirs en 2027. Et l’apocalypse.

MT


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