Le texte qui suit reprend de nombreuses idées que je développe régulièrement , mais il les regroupe et articule dans une approche plus systémique.
L’originalité ici tient à ce que j’introduis l’idée que, de la même façon qu’il y a des cycles d’investissement, il y a des cycles de destruction et de mise en place de nouveaux systèmes, de nouveaux Ordres . Ces cycles ne sont ni connus ni perçus et encore moins étudiés car comme ils sont longs, ils semblent naturels. Et puis les élites dominantes n’ont jamais tenu à ce que les masses sachent comment tout cela fonctionne n’est ce pas!
Pour assimiler vraiment la notion de système, pour l’intégrer, il faut la vivre, la faire sienne profondément. Penser système , cela doit être plus qu’une discipline, cela doit être intériorisé, cela doit devenir la forme de votre pensée.
Je vous invite à vous familiariser avec cette façon de penser et de rendre intelligible le monde.
La définition « étroite » donnée par Joël de Rosnay : Un système est un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisé en fonction d’un but. Cette définition met l’accent sur la finalité ou le but poursuivi par le système.
Le but du système capitaliste n’est pas de produire des biens et services, non cela c’est le socialisme, il est de produire du Capital, du Profit, des richesses pour les déjà riches.
Joël de Rosnay montre l’importance des interdépendances pour comprendre la complexité du monde moderne et agir sur lui. Il mentionne comment la pensée analytique traditionnelle, qui sépare les éléments d’une meilleure analyse, est insuffisante pour saisir les subtilités de divers domaines tels que l’économie, la monnaie, la gestion , la politique, la geopolitique.
Il est indispensable de reprendre les principales caractéristiques de la démarche systémique ainsi que les éléments clés qui constituent le système. Vous lirez avec profit les travaux de Jean Christophe Poussin.
Pour les besoins de ce texte il vous suffira d’assimiler ce que dit Joel de Rosnay.
De toutes les définitions existantes, celle proposée par Joël de Rosnay dans le Macroscope, publié en 1975, est la plus connue:
« Le système est un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d’un but ».
L’approche systémique correspond à l’approche d’un objet d’étude vu comme un système permettant une perception globale de son fonctionnement sous différents aspects.
Elle permet de comprendre les règles de fonctionnement du système et d’en dégager les principes d’efficacité. Le système est une boîte noire dont l’étude repose sur les principaux concepts suivants :
1er concept :L’interaction : les éléments d’un système sont soumis à des actions réciproques qui modifient le comportement ou la nature des éléments.
Force est donc d’abandonner le principe de causalité linéaire (trouver une cause en amont de chaque effet) au profit de la représentation systémique.
2e concept :La globalité : le système n’est pas une somme d’éléments, c’est un tout non réductible aux parties. Rappelons Pascal : « Je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que connaître le tout sans connaître les parties ».
3e concept :L’organisation : c’est le fondement central de l’approche systémique.
Le monde occidental n’a plus le choix, tous les subterfuges qu’il a utilisé pour prolonger son Système sont épuisés.
Je décris cet épuisement depuis des décennies et singulièrement depuis la crise de 2008 qui a failli tout emporter.
Il ne s’agit pas de parler de petite crise cyclique liée aux fluctuations conjoncturelles, non ce dont je parle c’est de l’épuisement des possibilités d’un système, d’un régime, d’un ordre qui est né après la seconde guerre mondiale.
Cet ordre a pris la forme monétaire et le nom du régime dit de Bretton Woods. Il a conféré au dollar un privilège exorbitant qui a fait de la Reserve Fédérale américaine, du système bancaire américain et du Trésor US , l’équivalent d’une colossale mine d’or. une colossale mine d’or qu’ils épuisent au fil du temps.
Quand on parle de croissance à long terme, on parle toujours de cycle d’investissement ou d’innovation mais on oublie toujours de parler des cycles que l’on ne voit pas , de ces cycles cachés qui sont les cycles structurels, les cycles de mode de fonctionnement souterrain, non-sus , car considérés comme naturels! Un système, un ordre ce n’est pas naturel, c’est un moment de l’Histoire, qui est produit et qui produit des rapports sociaux, politiques et géopolitiques, un système cela nait, cela vit et cela meurt.
Ce système, cet ordre du monde à la fois national et international dure depuis longtemps, trop longtemps et il joue les prolongations au prix de l’accumulation de déséquilibres de plus en plus pénalisants. en particulier sous l’aspect de la stabilité et de la fragilité. Et du cout de maintien , cout pour durer encore.
Le système est devenu sous ses différents aspects, politique, social, économique, monétaire, géopolitique et maintenant militaire très fragile et instable. Il perd sa légitimité tant à l’intérieur des pays qu’à l’extérieur. Il est contesté.
La modification de l’ordre international qui a découlé de l’insertion et du développement de la Chine et de l’Asie produit la base de la contestation.
L’une des caractéristiques de ce système dit de Bretton Woods est qu’il a permis un très long cycle de création de dettes , un cycle fantastique qui n’en finit pas . Il a pu tenir longtemps grâce à sa mutation en système de crédit dit de Bretton Woods II qui est fondé sur le cours forcé du dollar, sur le recyclage des déficits de l’Empire américain chroniquement déficitaire. Ce BWII qui a longtemps reposé sur la coopération et la complémentarité est maintenant branlant; la confiance a disparu , elle a laissé la place à une compétition stratégique de plus en plus féroce et destructrice . Le système en fonctionne plus par consensus et adhésion, il fonctionne par défaut.
L’Empire américain refuse les conséquences de l’accumulation de dettes, des délocalisations et du déclin relatif qu’il a lui même favorisé et nous assistons à une sorte de dé-globalisation coûteuse. Le système américain pour se maintenir le plus longtemps possible a été au bout des avantages que lui procuraient la délocalisation et l’accumulation de dettes mais maintenant qu’il a touche les limites, il refuse d’assumer les conséquences de ce mouvement, il refuse le fait accompli de cette Chine puissante qu’il a lui même fait prospérer
Bretton Woods II a permis un maintien du taux de profit américain grâce aux délocalisations et aux importations bon marché, elles ont pesé sur le coût de la main d’œuvre, On peut dire que cet arrangement a permis de ralentir des effets de la loi de la baisse du taux de profit du Capital: on a pu continuer d’accumuler du capital productif et du capital de plus en plus fictif car d’une part les couts du travail étaient contenus et d ‘autre part le recyclage des dettes et la baisse des taux d’intérêt permettaient de « mettre en valeur le capital » fut-ce au prix de la mise en place d’une chaine de type Ponzi de plus en plus spéculative.
Le capital américain a pour ainsi dire épuisé les « remèdes » qui lui ont permis de maintenir une rentabilité acceptable mais il a besoin de plus en plus de béquilles monétaires, fiscales et impériales de type pillage pour tenir encore un peu.
Ainsi son marché financier soufflé, gonflé, inflaté par la création de dollars et de dettes est de plus en plus cher, ce qui signifie que le ratio des bénéfices divisé par les cours de bourses est de plus en plus astronomique, il se situe à des records historiques vertigineux . Pour maintenir ces niveaux élevés il faut injecter sans cesse -ou promettre d’injecter- de la monnaie et créer du crédit, il faut arroser de liquidités, il faut du carburant .
C’est un peu comme ce qui se passe en thermodynamique ou pour s’opposer à l’entropisation il faut apporter sans cesse de nouvelles quantités d’énergie.
La multiplication des guerres est le symptôme qui montre que les limites internationales, extérieures ont été touchées .
La rupture des consensus politique la fin du bipartisme, l’émiettement de nos société , la formidable explosion des inégalités, l’insécurité, l’impossibilité d’assurer un fonctionnement démocratique, tout cela montre que les les limites internes , nationales ont été touchées également.
Les taux d’exploitation de la main d’œuvre sont au maximum tolérables comme en témoigne l’irrésistible ascension du populisme lequel est la nouvelle forme primaire et spontanée de lutte des classes.
Le monde développé ne peut plus assumer les retraites et les coûts de santé ou les redistributions promises; les déficits sont des gouffres et les dettes sont abyssales.
Les systèmes bancaires sont, -sur la base de comptabilités honnêtes-, en faillite, insolvables et illiquides, totalement en mismatch de risque et de durée. Ils sont sous perfusion.
On ne peut tenir encore que par la monétisation des dettes et la spoliation de l’épargne. Les tensions sur les ressources réelles sont et seront colossales, il faut et il faudra jouer de plus en plus sur le nominalisme.
Mais il faut -bien sur- promettre le contraire, les escrocs doivent inspirer confiance n’est ce pas?
Les dislocations intérieures, la fin de nos arrangements démocratiques, et la multiplication des conflits coûteux à l’extérieur impliquent que l’on est obligé de financer à la fois le beurre , la police et les drones ; il s’y ajoute le coût incroyablement élevé de la transition climatique; il s’y ajoute le vieillissement accéléré de la population.
Il faut réinvestir des sommes et des ressources colossales dans de nouveaux équipements dont l’automobile n’est qu’un exemple , de nouvelles formations, de nouveaux processus de production; mais en plus il faut réinvestir dans l’élaboration d’un nouveau système, de nouvelles structures, d’un nouvel ordre! Parallèlement le besoin de destruction de tout ce qui est dépassé est et va être considérable.
Nous butons sur les limites systémique au moment historique ou nos besoins sont les plus considérables. Les tensions vont être explosives.
C’est l’impasse, seul le jeu scélérat sur la monnaie permet de durer encore un peu.
Vous pensez bien que dans les conditions ainsi décrites, l’austérité, la rigueur, l’orthodoxie sont impossibles, c’est « marche ou crève » ou plutôt « fuis en avant », tape dans la boite de conserve pour dévaler la pente, rejette tout dans le futur, sinon c’est l’explosion ou l’implosion. Les deux menacent.
Donc ne croyez ni à une gestion saine ni aux promesses, tout cela est impossible à tenir, anticipez d’abord le mensonge, la tromperie, la spoliation, puis anticipez la descente aux enfers , anticipez les scélératesses fiscales, la poursuite accélérée des destructions monétaires.
Nous ne pouvons plus nous permettre une monnaie saine il faut au contraire réaccélérer la glissade.
Anticipez des régimes autoritaires, répressifs et de plus en plus violents.
EN PRIME
Les phases finales des cycles sont les plus explosives comme on le voit ici s’agissant du cycle de la dette centrale du système, la dette qui permet aux Etats Unis de fonctionnern encore.
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