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LA GUERRE EN UKRAINE DEVIENT UNE FICTION ABSURDE ET RIDICULE

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M. K. Bhadrakumar

L’une des grandes conséquences de la guerre en Ukraine au cours de l’année écoulée, depuis le début de l’offensive russe actuelle, est sa transition vers une fiction absurde centrée sur l’insécurité existentielle des Européens, leur peur d’être abandonnés par Donald Trump et en même temps leur désir d’être laissés tranquilles. 

L’administration Biden n’a pas renoncé à la guerre en Ukraine. Une réunion au format Ramstein doit se tenir jeudi en Allemagne, présidée par le secrétaire américain à la Défense sortant Lloyd Austin, pour aborder les besoins de défense de l’Ukraine, exprimés par le président ukrainien Zelensky. 

Pendant ce temps, Kiev lance une attaque dans la région de Koursk à la veille de l’événement au format Ramstein. L’opération, bien que mise en avant dans la presse britannique, est menée par seulement deux chars et quinze véhicules blindés. Elle sera sans aucun doute écrasée par les drones russes et ses hélicoptères de combat hautes performances Ka , ces hélicoptères extrêmement meurtriers , capables de fonctionner de jour comme de nuit, d’une grande capacité de survie et d’une grande puissance de feu. 

Comme d’habitude, Zelensky ne néglige aucune occasion de se mettre en valeur devant un public occidental. Il espère montrer jeudi qu’il reste encore un peu de courage dans les forces armées ukrainiennes. Malheureusement, il sacrifie encore des soldats ukrainiens dans ce mélodrame pour détourner l’attention de la ligne de front, au moment ou les forces russes sont entrées dans Chasiv Yar et atteignent la banlieue de Pokrovsk  dans le cadre d’une opération visant à encercler cette ville. 

Avec la chute de Chasiv Yar et de Pokrovsk, la bataille du Donbass touche à sa fin et ouvre la voie à une avancée massive de la Russie vers l’ouest, jusqu’au Dniepr, si il s’avère que le Kremlin n’a d’autre choix que de mettre fin à la guerre selon ses propres conditions.  

 En effet, les espoirs de voir Donald Trump mettre un terme à la guerre dès le premier jour de sa présidence, le 20 janvier, se sont évanouis. La rencontre de Ramstein est un acte de défi de la part de Zelensky, Biden et leurs   associés européens, alors que Trump doit bientôt rencontrer le président russe Vladimir Poutine. 

Le 18 décembre, Zelensky a rencontré le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte et s’est entretenu avec plusieurs dirigeants européens à Bruxelles pour discuter de la stratégie de guerre. Ses interlocuteurs européens cherchent à élaborer leurs propres plans si Trump, qui s’est engagé à mettre rapidement fin à la guerre, met fin au régime de Kiev ou l’oblige à faire des concessions. 

Le bureau de Zelensky a indiqué que le sujet principal de la réunion de Bruxelles était les garanties de sécurité. Zelensky a souligné sa « discussion détaillée en tête-à-tête » avec le président français Emmanuel Macron, qui s’est concentrée sur les priorités visant à renforcer davantage la position de l’Ukraine « concernant la présence de forces en Ukraine qui pourraient contribuer à stabiliser la voie vers la paix ».

Mais avant la réunion de Bruxelles, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré aux journalistes que même si la priorité était de garantir la « souveraineté de l’Ukraine et qu’elle ne serait pas forcée de se soumettre à une paix imposée », toute discussion sur une présence militaire sur le terrain serait prématurée. 

Rutte lui-même a conseillé aux alliés de Kiev de se concentrer sur l’augmentation des livraisons d’armes pour assurer à l’Ukraine une position de force. Rutte a estimé que l’Ukraine avait besoin de 19   systèmes de défense aérienne supplémentaires. 

Il est intéressant de noter que Rutte a annoncé que le nouveau commandement de l’OTAN proposé dans la ville allemande de Wiesbaden était désormais « opérationnel »,   ce qui lui permettrait de coordonner l’aide militaire occidentale à l’Ukraine et de former les militaires ukrainiens. Il est peu probable que Trump conserve le format Ramstein. 

En d’autres termes, l’Europe, y compris le Royaume-Uni, n’a pas la capacité de remplacer l’aide militaire américaine à l’Ukraine. Pour que l’UE puisse remplacer les États-Unis, il lui faudrait doubler son aide militaire à l’Ukraine. Mais la situation politique actuelle en Europe, ainsi que les capacités militaires réelles des différents pays européens, rendent cet objectif impossible.

L’Allemagne, premier donateur militaire européen à l’Ukraine, est plongée dans le chaos politique avec l’effondrement de la coalition dirigée par Scholz. Macron, fervent défenseur de l’Ukraine, a perdu le contrôle de la politique intérieure française. Ailleurs en Europe, des partis politiques d’extrême droite et d’extrême gauche, pro-russes, sont en plein essor. 

Les Européens courent partout comme des poulets sans tête. La visite surprise de la Première ministre italienne Giorgia Meloni en Floride pour rencontrer Trump et regarder un film avec lui à ce moment critique de la guerre en Ukraine montre que cette dame intelligente n’a aucune confiance en Macron. 

Meloni entretient une relation chaleureuse avec Elon Musk, proche conseiller de Trump et enfant terrible des libéraux européens. « C’est très excitant. Je suis ici avec une femme fantastique, la Première ministre italienne », a déclaré Trump à la foule de Mar-a-Lago, avant d’ajouter avec enthousiasme : « Elle a vraiment pris l’Europe d’assaut. » 

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L’Italie, puissance importante de l’OTAN qui surplombe la Méditerranée, est un fervent partisan du transatlantisme et poursuit une politique nuancée sur la guerre en Ukraine qui pourrait être utile à Trump pour construire des ponts avec l’Europe. Meloni se positionne. 

L’Italie a fermement condamné l’annexion de la Crimée par la Russie et l’implication ultérieure de Moscou dans l’est de l’Ukraine et s’est ralliée aux sanctions de l’UE contre la Russie. Elle a démontré son soutien militaire à l’Ukraine en accordant d’importantes aides militaires dans le cadre d’un accord de coopération en matière de sécurité (sous le précédent gouvernement dirigé par le Premier ministre Mario Draghi). Cela étant dit, Rome a souvent cherché à équilibrer les réponses de l’UE avec ses intérêts nationaux envers la Russie. 

Ainsi, le ministre des Affaires étrangères de Meloni a récemment réaffirmé, alors même que Biden autorisait l’Ukraine à déployer des missiles américains à longue portée contre des cibles militaires en Russie, que « notre position sur l’utilisation par l’Ukraine d’armes (italiennes) n’a pas changé. Elles ne peuvent être utilisées que sur le territoire ukrainien ». 

En fin de compte, c’est le cours de la guerre qui déterminera les conditions de la paix en Ukraine. Mais le nœud du problème est que l’accord de paix principal que tout le monde attend de Trump ne sera peut-être même pas la partie la plus difficile, à savoir, en supposant qu’une architecture de sécurité européenne puisse être construite sur les piliers que le président Vladimir Poutine a présentés dans son discours politique au ministère russe des Affaires étrangères en juin dernier, ce qui est bien sûr une hypothèse de taille en soi.

Considérez ce qui suit. 

De toute évidence, Trump ne souscrit pas à la règle de Pottery Barn de Rumsfeld : « Si vous le brisez, vous en êtes propriétaire ». Il n’a aucune intention de financer la reconstruction de l’Ukraine. Et sa ligne rouge est le déploiement de troupes américaines. Ce qui signifie qu’une énorme responsabilité retombera sur les épaules de l’Europe. L’Europe est-elle prête à supporter cet énorme fardeau sur les plans financier, militaire et politique ? 

Par la dette, les impôts ou les coupes dans les services sociaux ? Le choix entre les dépenses pour l’Ukraine ou les dépenses sociales nationales est un sujet très sensible dans la politique européenne. Le basculement de l’Europe vers des gouvernements de droite ( l’Autriche en est le dernier exemple ) ne peut qu’aggraver la situation. 

D’un autre côté, Poutine accepterait-il que les Européens pillent les 300 milliards de dollars de réserves russes pour aider militairement et reconstruire l’Ukraine ? Pas question ! Reste ensuite la question des sanctions. Il est certain que Poutine exigera la levée des sanctions occidentales. En effet, comment pourrait-il y avoir un accord de paix auquel la Russie pourrait souscrire sans la levée totale de toutes les sanctions et le dégel des avoirs ? Enfin, qui assurera le maintien de la paix aux frontières redessinées de l’Ukraine avec la Russie ? Moscou insistera bien sûr pour avoir son mot à dire sur cette question. 

Un accord visant à geler le conflit autour des lignes de front actuelles serait la meilleure solution pour l’Ukraine comme pour les Européens. Mais Moscou persiste à dire « Niet » fermement, compte tenu de la longue histoire de trahisons occidentales. 

Le paradoxe est que la roue tourne à nouveau pour les Européens. Trump, qui fait frémir les politiciens européens, est aussi leur seul sauveur. Comme dans la pièce de Samuel Beckett, ils attendent désespérément l’arrivée de Trump. 


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