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La baisse du dollar: Trump doit considérer la hausse du prix de l’or pour ce qu’elle est : un signal d’alarme retentissant, et non un signe positif .

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Donald Trump a entamé son second mandat avec la promesse d’une révolution « America First », promettant de restaurer la puissance économique par le biais de droits de douane, d’un levier commercial et de réductions d’impôts.

Pourtant, à peine trois mois après son entrée en fonction, la politique d’affaiblissement du dollar menée par l’administration – principalement par son conseiller Stephen Miran – risque d’engendrer une instabilité monétaire et une inflation qui pourraient frapper durement la classe ouvrière que Trump prétend défendre.

Stephen Miran, président du Conseil des conseillers économiques de Trump, pourrait bien être l’un des principaux architectes de cette stratégie. Dans sa feuille de route – Guide de l’utilisateur pour la restructuration du système commercial mondial –, il affirme que la vigueur du dollar nuit à la compétitivité des États-Unis et propose des mesures audacieuses, comme l’« Accord de Mar-a-Lago », pour orchestrer son déclin.

Alors que Robert Lighthizer, responsable du commerce durant le premier mandat de Trump, a signalé la vigueur du dollar comme un obstacle aux exportations, il s’en tient aux droits de douane plutôt que d’approuver une dévaluation délibérée ; Trump lui-même vante les droits de douane pour stimuler l’industrie manufacturière, mais l’obsession de Miran pour un dollar plus faible est un poison. Elle menace de saper le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Alors que le dollar dérape déjà face à l’or et au DXY depuis janvier, l’influence de Miran dans l’orientation des politiques doit être examinée de près.

Depuis l’investiture de Trump, le dollar s’est fortement affaibli face à l’or, référence intemporelle de la valeur monétaire. Le 20 janvier 2025, l’or valait 2 700 dollars l’once ; aujourd’hui, il est à 3 084 dollars, soit une dévaluation de 14 % en un peu plus de deux mois. L’indice pondéré des échanges commerciaux en dollars (DXY) reflète cette baisse, passant de 109 à 104 depuis le début de l’année.

Ce n’est pas un incident, c’est un avertissement.

Dans les années 1880, les États-Unis ont appliqué des droits de douane efficaces, car le dollar était lié à l’or, fixé à environ 1/20e d’once, ce qui constituait un ancrage stable quelles que soient les politiques tarifaires.

Aujourd’hui, avec un dollar flottant et l’absence de telles mesures, les droits de douane du « Jour de la Libération » à venir, le 2 avril, pourraient même accentuer la faiblesse du dollar, amplifiant potentiellement les inquiétudes des investisseurs quant aux perturbations commerciales et à l’incertitude économique.

Le déclin du dollar, illustré par la flambée des prix de l’or, laisse déjà présager une inflation monétaire imminente.

L’histoire le confirme : l’effondrement du dollar face à l’or précède souvent une faiblesse plus générale, notamment pour les matières premières et les devises étrangères. Les années 1970, lorsque la dévaluation de Nixon a déclenché une stagflation, nous le rappellent brutalement. S’efforcer d’affaiblir le dollar aujourd’hui risque de répéter cette erreur.

Un dollar plus faible fait grimper le coût des importations et des matières premières comme le pétrole, ce qui entraîne une hausse instantanée des prix de l’essence, des produits alimentaires et des biens de consommation courante.

Les électeurs de la classe ouvrière, qui ont contribué à la victoire de Trump, sont les plus durement touchés, érodant leur pouvoir d’achat malgré des politiques présentées comme leur bouée de sauvetage.

La Réserve fédérale, constatant une hausse manifeste de l’inflation, relèvera nécessairement ses taux, resserrera le crédit et ralentira encore davantage la croissance. Un dollar qui s’affaiblit ne renforce pas l’économie, mais aggrave la situation économique des États-Unis.

L’équipe de Trump pourrait faire un clin d’œil aux années 1880, époque où les droits de douane étaient synonymes de prospérité.

Mais la principale différence réside dans l’étalon-or, qui maintenait alors le dollar stable.

Aujourd’hui, sans un tel ancrage, la faiblesse du dollar – confirmée par la flambée des prix de l’or – menace la stabilité.

Les droits de douane et les discussions sur un fonds souverain pourraient jouer un rôle dans la stratégie de Trump, mais c’est la politique d’affaiblissement du dollar – un désastre politique de facto – qui ouvre la voie à des problèmes.

L’administration doit considérer la hausse du prix de l’or pour ce qu’elle est : un signal d’alarme retentissant, et non un signe d’honneur.

Trump avait promis la puissance économique, et non la vulnérabilité.

Son équipe doit abandonner l’obsession du dollar faible et privilégier la stabilité – sous peine de transformer « l’Amérique d’abord » en « l’Amérique meurtrie ».

Vladimir Signorelli 


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