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L’éléphant dans la pièce, c’est que nos systèmes sont irrémédiablement non démocratiques. Ils sont fondés sur la trahison de la confiance.

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Nos arrangements politiques sont fondés sur la névrose sociale .

Cette névrose résulte du conflit produit dans le corps social entre l’ élaboration des discours qui visent à être élu et les discours qu’il faut ensuite tenir pour gérer la réalité.

Nos systèmes sont fondés sur l’escroquerie à la confiance.

Tant que le Front National a tenu un discours de conviction, il est resté marginal ; c’est quand il a accepté les règles du marketing politique qu’il a vraiment décollé. Melenchon ne doit son succès persistant qu’à sa capacité de caméléon mise en forme tribunitienne.

La coupure est de plus en plus béante, et elle fait de plus en plus mal au corps social. Le corps social est un corps malade dont la blessure, dont la plaie ci dessus décrite s’est infectée.

En clair pour être élu il faut plaire dans le cadre des combinaisons en usage et le discours de séduction ne peut en aucun cas être celui qui trace la voie d’une bonne gestion honnête et cohérente du pays.

Le mal est constitutif du système, il ne peut être éradiqué

Ce qui est incroyable c’est que ceci crève les yeux, est formulé de diverses manières mais que personne ne veut le reconnaitre comme élément clef du malaise de nos ex-démocraties représentatives.

Il est devenu admis, courant, et même de notoriété publique, de « common knowledge » , que le discours politique est une construction parallèle à la réalité, dont le but n’est que de parvenir à l’élection. Il ne faut pas s’étonner si ce dévoiement du discours conduit à son aboutissement , -qui n’est d’ailleurs qu’une étape-, à savoir devenir pur discours de marketing d’image. Comme le business le politique crée un trou et il fait mine de le boucher!

Ce constat détruit irrémédiablement les rodomontades pseudo démocratiques sur l’obligation d’exercer son droit de vote et il valide les choix de ceux qui refusant cette hypocrisie s’abstiennent.

-BRUNO BERTEZ .

Maxime Tandonnet.

Un Premier ministre, pour quoi faire? (entretien pour le site Atlantico avec M. Christophe Bouillaud)

Pourquoi les partis agissent-ils tous comme s’ils étaient en situation de revendiquer une forme de pureté ou de radicalité idéologique alors que le pays est divisé et qu’il n’existe aucune majorité pour ça ?

Les leaders politiques ou les députés sont à l’origine le plus souvent des militants politiques. Ils ont fait une carrière partisane en revendiquant une radicalité. Comment réussir à LFI ou au parti socialiste sans revendiquer l’ouverture en matière d’immigration ou réduire la violence sanglante à un « sentiment d’insécurité »? Ou chez les écologistes en n’étant pas antinucléaire? C’est quasiment impossible. Ou à l’inverse on n’imagine pas un RN qui ne réclamerait pas l’abolition du droit du sol! La réalité ou le réalisme des propositions ne compte pas vraiment non plus que leur intérêt pour le pays. Les partis raisonnent en termes de dogmes plutôt que de projet concret et utile. Le macronisme est un attrape-tout, mélange de pseudo-libéralisme économique et de libéralisme sociétal. Dans les faits, il se résume au culte d’un personnage à l’image d’une secte avec toute la radicalité d’une religion sectaire… Entre des dogmes opposés, aucun dialogue n’est possible. Une haine obsessionnelle, par exemple entre les partis de NFP et le RN est le seul lien qui existe entre eux. Tout ceci est aux antipodes de ce qu’attendent les Français de leur classe politique: qu’elle se mobilise sur le traitement de leurs difficultés quotidiennes. Et cela explique le grand divorce entre les Français et leur classe politique.
 

Ne faudrait-il pas plutôt se mettre d’accord sur un plus petit dénominateur commun, comme le budget par exemple ? (Dans une interview donnée au Parisien, le ministre démissionnaire des Comptes publics a aussi affirmé que certaines recettes étaient moins élevées que prévu cette année)

D’abord ce n’est pas si facile car derrière le budget, il y a des enjeux politiques et symboliques considérables. Par exemple la question du rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est au centre des grandes manœuvres autour du choix du Premier ministre. La gauche NFP le réclame comme un emblème essentiel de son combat contre « les riches ». En revanche, c’est sur ce point que le macronisme diverge de la gauche. Sur la sécurité, l’immigration, la dépense publique, les impôts en général, les questions sociétales (PMA pour tous par exemple) le macronisme ne se différencie pas de la gauche ou si peu. En revanche, le point d’achoppement idéologique est l’ISF dès lors que sa suppression, ou plutôt sa transformation en IFI était un marqueur du macronisme des origines, soutenu par plusieurs grandes fortunes. L’opposition entre le macronisme et NFP tient pour l’essentiel à ce sujet. Ensuite, le budget n’est pas la seule question. Le pays ne comprendrait pas que le gouvernement se désintéresse des autres enjeux notamment de la sécurité qui est au cœur des inquiétudes.

Au regard des consultations et des déclarations publiques des uns et des autres, qu’est-ce qui pourrait être une plateforme d’action efficace pour le pays ?

Le grand paradoxe, c’est que selon tous les sondages, par exemple l’enquête annuelle de CEVIPOF sur la confiance des Français, environ 70% des Français se retrouvent sur les grands sujets du moment : lutter contre la dette publique, valoriser le travail, maîtriser l’immigration. Mais aussi, 88% des Français ont le sentiment, selon la même enquête, que les politiques se moquent éperdument de ce qu’ils pensent. […] Un « bon Premier ministre » pourrait justement servir à surmonter ce clivage. En portant la volonté des Français devant le Parlement, Assemblée nationale comme Sénat, sa mission pourrait être de chercher à transcender les lignes et chercher des points de convergence sur la base des attentes du pays.

Mais en réalité, c’est tout le contraire qui se passe. Nous avons des Premiers ministres qui ne servent que de faire-valoir au chef de l’Etat, le plus souvent parfaitement insipides, choisis pour leur obséquiosité ou leur servilité. Et ceux qui montrent la moindre velléité d’indépendance ne tiennent pas longtemps… L’effacement du Premier ministre devenu un simple collaborateur, qui n’est plus le chef de gouvernement responsable devant le Parlement comme le prévoyait la Constitution, caractérise le nouveau régime politique français. Celui-ci tend vers une autocratie présidentielle davantage tournée vers la vénération du chef que vers le bien commun.


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