Quantcast
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1947

 L’impératrice Ursula von der Leyen veut sa CIA! Une filiale de la CIA!

Hier, l’UE a annoncé son intention de « créer un service d’espionnage européen du type CIA », comme le titrait le site Politico .

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont réagi à l’information par des commentaires satiriques et moqueurs. « Mais il existe déjà une agence d’espionnage du type CIA qui opère dans toute l’Europe. Elle s’appelle la CIA », a plaisanté un internaute sur X.

« Je propose d’appeler la nouvelle agence Gestapo », a ironisé un autre. De tels commentaires sont révélateurs de l’état d’esprit actuel en Europe, où toute proposition politique émanant de Bruxelles tend à être accueillie avec une forte dose de scepticisme et de méfiance.

Cela est compréhensible, compte tenu de la nature de plus en plus irresponsable, de la portée toujours plus large et de la liste croissante des échecs politiques des institutions européennes – en premier lieu de la Commission européenne. Il n’est donc pas surprenant que la plupart des gens trouvent instinctivement dérangeante l’idée de doter l’impératrice Ursula von der Leyen d’une armée d’agents supranationaux chargés d’espionner les citoyens et de mener d’autres activités néfastes de type « CIA ».

Heureusement, il est peu probable que cela se produise de sitôt. Le titre accrocheur de Politico fait référence à l’une des nombreuses propositions contenues dans un nouveau rapport rédigé par l’ancien président finlandais Sauli Niinistö sur le « renforcement de la préparation et de l’état de préparation civils et militaires de l’Europe ». Mettant en avant les crises récentes – en particulier la guerre en Ukraine – Niinistö plaide pour une approche de « préparation globale », qui garantirait que l’UE puisse « fonctionner en toutes circonstances » grâce à une réponse intégrée aux crises transfrontalières. Cette approche, selon le rapport, doit intégrer un cadre « pangouvernemental et pansociétal », permettant la participation active des citoyens, du secteur privé et des pouvoirs publics.

Le rapport avance ensuite un ensemble de propositions vagues, comme la promotion d’une « culture de préparation » au sein des institutions européennes et parmi les citoyens, des investissements à long terme dans les infrastructures critiques et la défense, la formalisation de la réponse intersectorielle aux crises et le « renforcement des capacités de partage de renseignements de l’UE ». C’est cette dernière option qui a été la plus évoquée par les médias.

L’un des axes prioritaires de l’étude est l’amélioration de la collecte et du partage de renseignements au niveau de l’UE, notamment en ce qui concerne les améliorations apportées à la Capacité unique d’analyse du renseignement (SIAC), qui dépend actuellement des contributions volontaires des États membres. Le rapport souligne ainsi la nécessité d’un partage de renseignements plus structuré et plus fiable entre les États membres. Plus controversé, outre le rôle de la SIAC, le rapport propose également la création éventuelle d’un service européen de coopération en matière de renseignement, qui équivaudrait en fait à un organisme supranational qui viendrait compléter les activités nationales de collecte de renseignements.

Ce serait une évolution très inquiétante : donner à une institution responsable et non démocratique comme l’UE sa propre agence de renseignement serait un pas de plus dans la transformation de l’Union en un mastodonte techno-autoritaire.

Tout comme dans le cas de la CIA, ces pouvoirs seraient probablement dirigés principalement vers les citoyens et même les États membres plutôt que vers les « ennemis étrangers ». Qui plus est, quiconque pense que cela constituerait un pas vers une plus grande « autonomie stratégique » de l’UE serait déçu : le rapport appelle également à « renforcer la coopération UE-OTAN », ce qui signifie que toute « agence de renseignement de l’UE » ne serait pas simplement une agence de type CIA : elle serait, littéralement, une filiale de la CIA.

À bien des égards, c’est déjà le cas : les gouvernements de l’UE partagent déjà leurs renseignements avec le réseau Five Eyes dirigé par les États-Unis, qui regroupe les agences des États-Unis, de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni. L’inverse n’est pas vrai, car les États-Unis ne partagent pas toutes leurs informations avec les autres puissances : il est d’ailleurs notoire que les agences de renseignement américaines espionnent régulièrement leurs « alliés » européens.

Il convient de souligner que cette nouvelle agence ne devrait pas voir le jour dans un avenir proche. Lors de la présentation du rapport, Ursula von der Leyen a elle-même admis que de nombreuses résistances à une telle proposition subsistaient au sein des chancelleries européennes, soulignant que l’accent serait désormais mis sur le « renforcement du partage d’informations ».

On ne sait pas non plus comment l’UE financerait cette nouvelle agence, étant donné que les budgets des États membres sont serrés et qu’il y a peu d’intérêt à émettre davantage de dette commune. Niinistö lui-même a admis que, lors de ses discussions pour rédiger le document, il avait rencontré « de nombreuses voix critiques » sur la possibilité de nouveaux prêts communs, car certains pays refusent de s’engager dans de nouveaux mécanismes par lesquels ils « nous prennent pour donner aux autres ».

Il ne faut toutefois pas oublier que, ces dernières années, la Commission européenne a déjà élargi son champ d’action à plusieurs domaines politiques traditionnellement du ressort des gouvernements nationaux, comme la politique étrangère et les questions de défense et de sécurité.

Entre-temps, la fenêtre d’Overton de la supranationalisation s’est un peu plus ouverte.


Thomas Fazi  est  chroniqueur et traducteur pour UnHerd  . Son dernier livre est  The Covid Consensus , co-écrit avec Toby Green.bataillepourl’europe


Viewing all articles
Browse latest Browse all 1947

Trending Articles